Chers amis,
Une fois encore, on est venu heureusement bousculer mes analyses et m’obliger, du coup, à présenter une argumentation plus fouillée pour soutenir les assertions que j’ai posées dans mes billets précédents. Je vais donc remettre ma casquette d’analyste de données. Mon objectif n’est pas de chercher à avoir raison mais de rassurer ceux que la situation et les informations dont ils disposent inquiètent légitimement.
Je ne suis cependant pas sûr que mon intervention — basée sur une argumentation et une analyse des données — puisse réussir à faire baisser les inquiétudes et dissiper les craintes. Mais l’exercice vaut encore d’être tenté. Je crois d’ailleurs que ce sera une des dernières fois que je travaille sur ce point durant mes soirées et mes nuits...
Je dois aussi rappeler que je n’ai pas accès aux données brutes mais seulement aux données telles qu’elles sont déjà agrégées par divers instituts. Je ne peux donc, contrairement à certaines demandes, entrer dans le détail au niveau des villes. D’ailleurs une réflexion aussi locale risquerait plutôt de nous faire perdre de vue le tableau d’ensemble ; l’arbre viendrait à nous cacher la forêt.
La question de comprendre comment s’effectue la contamination de l’inquiétude distillée par les autorités et les média me tente plus.
Ainsi que celle du « comment faire » pour améliorer cette situation et l’autre encore, qui lui est liée, de la façon d’instaurer une démocratie effective en lieu et place de notre vieille république...
Des assertions à examiner de près
Les chiffres doivent toujours être contextualisés et analysés pour pouvoir en tirer une information pertinente. Si ce travail n’est pas fait, les pires contresens sont possibles.
Hier encore, donc, un de mes amis pratiquants nourri de la lecture du quotidien Le Monde m’a interpellé. Ne serais-je pas un irresponsable en disant que l’épidémie est derrière nous et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure ? Doublé d’un inconscient qui critiquerait gratuitement les mesures sanitaires prises ? Voici l’extrait d’un communiqué dont il ne cite pas la source et qui est peut-être une compilation d’assertions qui l’inquiètent. Cet extrait dit ceci :
La France a enregistré 12 500 nouveaux cas de contamination entre samedi et dimanche. La proportion de tests positifs par rapport aux tests effectués ne fait que grimper : elle a atteint dimanche 8,2 %, contre 4,5 % environ il y a un mois.
Actuellement, 6 964 personnes sont hospitalisées en France pour avoir contracté le Covid-19 et l’agence Santé publique France a fait état de 1 335 personnes placées en réanimation, dont 103 nouveaux patients sur les dernières vingt-quatre heures, soit 46 de plus que la veille en prenant en compte les entrées et les sorties. La capacité nationale de lits de réanimation est autour de 5 000. Depuis le début de la crise sanitaire en février mars, au moins 32 230 personnes sont mortes des suites du Covid-19, soit 32 nouveaux décès en 24 heures. Les autorités sanitaires enquêtent sur 1 340 foyers de contamination dans tout le pays, dont 265 en Ehpad.
Voilà typiquement un ensemble d’affirmations qu’il est indispensable de contextualiser. Nous allons faire ainsi une petite analyse de texte à la lumière de ce que nous savons de l’épidémie :
Prenons la première phrase : « 12500 nouveaux cas de contamination ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Simplement qu’il a été détecté durant le week-end 12500 nouvelles personnes ayant été en contact avec le virus. Ces personnes ne sont — pour au moins 9 sur 10 d’entre elles — PAS MALADES. Ce sont, comme on dit, des porteurs asymptomatiques. Un peu plus loins dans le texte il est annoncé l’entrée d’environ 100 personnes seulement en réanimation. Donc, conclusion à ce stade où l’on teste massivement : la contamination par le virus ne représente — au point de vue statistique — pas de danger particulier. Cela tends plutôt à confirmer la clinique des praticiens en médecine de ville selon laquelle que le virus est devenu nettement moins dangereux, même s’il se propage toujours.
Précisons : « moins dangereux » ne signifie pas « inoffensif pour personne » mais simplement — comme toujours en biologie — qu’il n’est dangereux que pour quelques individus dont les statistiques (toujours elles) disent qu’ils ont — pour la plupart d’entre eux mais non pas tous — plus de 75 ans et, pour deux tiers de ces derniers (66%), des co-morbidités — les pathologies cardiaques et l’hypertension artérielle représentant 50% de ces co-morbidités. Il suffit pour vérifier cela de regarder les statistiques hebdomadaires faites sur les certificats de décès et publiées par Santé Publique France (bulletin hebdomadaire à télécharger).
Examinons la seconde phrase : La proportion de tests positifs par rapport aux tests effectués ne fait que grimper : elle a atteint dimanche 8,2 %, contre 4,5 % environ il y a un mois.
Pour éclairer notre lanterne il faudrait savoir ce qui se passe un dimanche au niveau des tests et comment et quand les données ont été transmises... Il faudrait aussi savoir quelles sont les tranches d’âges concernées, quelles sont les tranches d’âge les plus testées aujourd’hui et quelles étaient-elles il y a un mois. Sans plus de précisions il est difficile de tirer quoi que ce soit de ces deux pourcentages.
Néanmoins on peut toutefois accepter à titre d’hypothèse que le taux de positifs sur le taux de testés serait en croissance. Mais ne serait-ce pas dû à un meilleur ciblage des populations testées ?
De fait les données de Santé Publique France montrent sans ambiguïté que les personnes qui se font tester sont, au fil de ces dernières semaines, de plus en plus des personnes qui se sentent porteuses de symptômes évoquant le virus (35% des personnes testées en semaine 39). Ce qui, logiquement, conduit à accroître la découverte de personnes effectivement positives...
Mon hypothèse ici c’est que ce phénomène, conjugué à la stagnation ou même à une légère baisse du nombre de tests effectués ces dernières semaines, pourrait être le signe que la peur — qui conduit sans vrai discernement tout un chacun à vouloir se faire tester — est en train de diminuer...
La troisième phrase est un peu longue : « Actuellement, 6 964 personnes sont hospitalisées en France pour avoir contracté le Covid-19 et l’agence Santé publique France a fait état de 1 335 personnes placées en réanimation, dont 103 nouveaux patients sur les dernières vingt-quatre heures, soit 46 de plus que la veille en prenant en compte les entrées et les sorties. »
Disons tout de suite — pour faire baisser l’inquiétude que ces chiffres pourraient provoquer — que le niveau des personnes hospitalisées pour le Covid-19 est aujourd’hui environ 10 fois moins important qu’au plus fort de l’épidémie fin mars — début avril. Ceci pour ne pas s’affoler.
Quand à la fin de la phrase, que peut bien signifier ce « 46 de plus que la veille » si l’on ne précise pas le « jour » de la semaine où ces données sont extraites. On sait en effet pertinemment que l’envoi des données administratives fonctionne par à-coups, peu ou pas le dimanche avec report sur le lundi. C’est pourquoi il faut se méfier des données journalières.
Cependant 103 patients entrant en réanimation c’est assez peu (cf le tableau que j’ai construit plus loin dans le texte qui indique pour le 23 septembre 118 entrées en réanimation) et une variation de 46 — si on la rapporte à l’ensemble de la population — n’est pas significative. Elle se situe à l’intérieur des marges de fluctuation aléatoire...
La phrase suivante : « La capacité nationale de lits de réanimation est autour de 5 000 » est bien sûr à rapporter aux 1335 personnes actuellement placées en réanimation de la phrase précédente. Depuis le pic de la crise où il avait fallu ouvrir de nouveaux lits (en prenant sur d’autres services) un taux d’occupation critique pour les services de réanimation a été fixé à 60% des lits occupés par des patients atteints du Covid. Au dessus nous passerions en urgence maximale. Avec les chiffres qui nous sont donnés nous sommes à 27% des lits de réanimation occupés par des malades du Covid. Donc bien loin du stress hospitalier que nous avons vécu au printemps !
La phrase d’après : « Depuis le début de la crise sanitaire en février mars, au moins 32 230 personnes sont mortes des suites du Covid-19, soit 32 nouveaux décès en 24 heures » est assez incompréhensible. Elle associe un chiffre cumulé (le total des décès depuis la pandémie — 32230) avec un chiffre instantané (32 nouveaux décès en 24 heures). On peut juste constater, si l’on fait le ratio, qu’à ce rythme de 32 décès par jour il aurait fallu à peu près 1000 jours pour faire autant de morts qu’en a fait l’épidémie réelle sur les trois mois de mars/avril/mai !!! Donc si on en est à ce rythme aujourd’hui, il n’y a rien d’inquiétant.
D’après les données de l’IRSAN les décès hospitalier dûs au Covid étaient de 40 au 23 septembre... Un nombre très faible rapporté à la population française.
La dernière phrase : « Les autorités sanitaires enquêtent sur 1 340 foyers de contamination dans tout le pays, dont 265 en Ehpad » peut, elle aussi, inquiéter. 1340 foyers, ce n’est pas rien pourrait-on se dire. Mais, au vu de la mortalité générale, cela reste assez bénin. Il n’a encore — à ma connaissance — jamais été réalisé d’enquêtes de ce type pour les grippes mais ce pourrait être instructif...
Ce qui est effectivement inquiétant ce sont les foyers liés aux Ehpads dont on sait qu’ils vont à coup sûr faire des victimes. C’est bien là, effectivement, qu’il faudrait faire porter nos efforts de protection et de soin. Voire avec des traitements préventifs. Et non pas simplement mettre nos aînés en isolement, ce qui les pousse souvent à la désespérance et à la perte de sens pour ne les soigner que trop tard, leurs organismes affaiblis ne pouvant résister bien longtemps.
Deux mots sur un article du Monde
Venons en brièvement à l’article du monde auquel mon ami m’a fait accéder : « Covid-19 : trois questions sur la dynamique de l’épidémie en France » publié en ligne dimanche 4 octobre. Je ne m’attarderai pas ici sur l’article lui même, que je trouve dans l’ensemble assez pondéré et — à mon avis — peu inquiétant (bien qu’il faudrait peut-être en faire aussi l’analyse pour en convaincre mon ami). Mais je commenterai le graphique qui nous est montré et qui résume assez bien la situation dans le très court terme :
- Le Monde - publié dimanche 4 octobre
Après la légère remontée des hospitalisation et des entrées en réanimation que l’on a constaté fin septembre, les derniers chiffres montrent donc maintenant une évolution favorable. Ainsi, à la lecture de ce graphique, on constate que, même si les hospitalisations sont en très léger accroissement, les entrées en réanimation baissent, ainsi que les décès. Je n’ai pas calculé si ces variations étaient significatives mais la tendance semble être la suivante : un nombre de malades à peu près constant (+1% sur 3 jours) avec un nombre de personnes en réanimation en diminution sensible (-10% sur 3 jours) et une baisse encore un peu plus forte des décès (-13% sur 3 jours). Si cette tendance se confirmait — comme elle s’est vérifiée durant l’été — il devrait devenir absolument clair pour tous que l’épidémie n’en est désormais plus une.
Un autre indicateur, un peu plus stable que les entrées journalières (car moins soumis aux fluctuations aléatoires), est celui des entrées hebdomadaires, toujours selon le bulletin de Santé Publique France.
On voit clairement sur ces graphiques que ce qui semblait être une relative reprise épidémique de ces dernières semaines est déjà en train de s’inverser.
D’autres indicateurs vont dans ce sens, comme par exemple l’estimation du « R effectif » (le nombre de reproduction) qui indique la tendance du virus à se diffuser dans la population. Il est actuellement en baisse et situé maintenant, pour France entière, à la valeur 1 (précisément : 1<R<1,01). Ce qui signifie que le nombre de personnes infectées n’augmente plus mais reste stable. C’est à dire, en simplifiant, qu’il n’y a maintenant pas plus de nouveaux cas d’infection que de cas qui guérissent spontanément (dans la plupart des cas sans être d’ailleurs passés par la case "malade"). Dans nombre de régions cet indicateur est déjà significativement inférieur à 1. Il est encore de façon significative légèrement supérieur dans les Hauts-de-France et en Ile-de-France
La tendance actuelle est donc globalement à la baisse, ce qui — si elle se confirme dans le temps — signifie à terme une progressive disparition du virus jusqu’à sa possible réapparition l’an prochain et ce, sous une forme probablement moins virulente qu’au printemps dernier.
- Variation du nombre de reproduction (R effectif)
Un tableau construit pour donner à sentir
Prenons maintenant les données chiffrées de l’IRSAN pour deux mercredis (milieu de semaine, donc pas d’effet « week-end »).
Dans le tableau ci-dessous que j’ai réalisé à partir de ces données, les incidences hospitalières représentent les nouvelles admissions respectivement à l’hôpital en général (les « hospitalisés ») et celles en réanimation (les « réanimations »). Le nombre de personnes décédées du Covid qui avaient été admises à l’hôpital pour cette pathologie sont répertoriées dans la ligne « décès » et celles qui, ayant été admises à l’hôpital pour cause de Covid sortent guéries, sont comptabilisées dans la ligne « guéris ».
Les dates de référence sont celles du mercredi 1er avril, au plus fort de l’épidémie et du mercredi 23 septembre, au moment de la légère remontée de l’incidence constatée du Covid de ces dernières semaines. C’était aussi les données les plus récentes qui m’étaient disponibles lors de la construction du tableau.
Données | 1er avril | Taux/100.000h | 23 septembre | Taux/100.000h | variation entre le 1/04 et le 23/09 |
hospitalisés | 4210 | 6,34 | 605 | 0,91 | 7 fois moins |
réanimations | 761 | 1,15 | 118 | 0,18 | 7 fois moins |
décès | 504 | 0,76 | 40 | 0,06 | 12 fois moins |
guéris | 1608 | 431 | |||
guéris/hosp. | 38% | 71% | 1/3 => 2/3 |
Ce tableau monte la très nette amélioration d’ensemble de la situation. Ces dernières semaines un certain nombre d’indicateurs se sont mis à grimper, mais sur des chiffres faibles. Les services de réanimation se sont émus, bien sûr, suite à l’expérience traumatique du printemps. Mais le taux d’occupation par des malades du Covid est loin du seuil d’alerte. Et ces chiffres sont déjà en train de redescendre.
Les mesures et leur impact
Reste maintenant la difficile question de savoir si cette baisse doit être mise ou pas en lien avec le durcissement récent des mesures sanitaires.
Nous n’avons en fait aucun moyen certain de le savoir. Personnellement je ne le pense pas. Je crois plutôt à l’évolution spontanée de l’épidémie qui, comme toute épidémie, tend fatalement à sa disparition.
- Suivi de l’adoption des mesures de protection
Au sujet des mesures, remarquons que, hormis le port du masque dont l’infraction est très visible et peut donc être facilement et sévèrement sanctionnée, le respect global par les français de toutes les autres mesures de protection est en baisse régulière depuis le déconfinement (cf le bulletin de Santé Publique France)... A priori il semble donc que ces mesures n’aient eues qu’une influence marginale, tant dans la forte baisse des hospitalisations de mai-juin que la petite hausse de septembre.
Enfin il faudrait dire un mot de l’impact sur la santé mentale du traitement médiatique de l’épidémie et de l’effet psychologique des mesures prises. Une grande enquête (Coviprev) réalisée en plusieurs vagues est en cours. On peut aujourd’hui dire (vague 15 de l’enquête Coviprev, cad entre le 21 et le 23 septembre) que les déterminants cognitifs d’une santé mentale plus dégradée sont :
- Le fait de percevoir la COVID-19 comme grave => aggrave anxiété, dépression ou problèmes de sommeil.
- Le fait de se sentir vulnérable au risque d’infection par le SARS-CoV-2 => aggrave anxiété et dépression.
- Le fait de percevoir les mesures de prévention comme peu efficaces => aggrave les états dépressifs.
Ces états ont, on le sait, un effet dépressif sur notre système immunitaire et nous rendent plus vulnérables...
L’effet de la communication sur le Covid telle qu’elle est actuellement orchestrée est donc nocif.
Concluons
Un dernier mot sur ma colère et aux soupçons que j’ai envers Big Pharma et sur sa possible manipulation de l’appareil d’état. Au delà des dysfonctionnements et des conflits d’intérêts qui président à l’activité du conseil scientifique supposé éclairer le gouvernement, cela repose sur trois points principaux qui convergent :
- l’interdiction dès le 26 janvier de l’hydroxychloroquine
- le maintien scientifiquement injustifié d’un climat anxiogène
- la présentation d’un vaccin comme LA solution définitive
A qui d’autre ce type de mesures pourrait-il profiter ?
Reste qu’il faudra évaluer précisément et de façon scientifiquement reconnue la surmortalité induite par cette interdiction initiale de l’hydroxychloroquine qui a perduré dans les esprits des médecins hospitaliers même quand elle leur a de nouveau été autorisée. Surmortalité, en effet, par rapport à ce que le protocole du Pr Raoult, s’il avait été généralisé au plus tôt, aurait pu permettre.
De ces morts inutiles, qui — parmi nos dirigeants — sera comptable ?
Après ce tour de la situation qu’on pourrait allonger encore et le coup de gueule que je viens de pousser, je pense pouvoir être en mesure de conclure de la façon suivante :
il est temps de revenir à une perspective beaucoup plus mesurée que celle insinuée/ assénée (au choix) par nos autorités et les média :
- En arrêtant — voire en interdisant — le déversement par les média de chiffres non contextualisés et en invitant plutôt les experts à s’exprimer. Ce déversement inconsidéré provoque de fait une inquiétude infondée dans la population.
- En allégeant les mesures sanitaires. La plupart n’ont en effet pas de validité scientifique. Or elles contraignent et/ou restreignent inutilement nombre de nos activités.
Ces éléments ont un impact direct sur notre santé mentale, sur notre confiance en l’avenir et notre activité sociale et économique. Un traitement médiatique équilibré et plus optimiste de la situation et des mesures sanitaires allégées et moins anxiogènes seraient donc bien plus profitables pour tout le monde...!!!