C’est dans le train pour Paris que j’écris. Constat du jour : le pays va mal.
En effet voyant la façon dont je portais mon masque dans le TGV (c’est à dire au ras du nez, pour pouvoir respirer) le contrôleur m’a intimé de porter mon « masque correctement », après que j’ai dû faire une course poursuite sur les quais de Bordeaux pour pouvoir monter dans le train. En effet le Carcassonne-Bordeaux que j’avais pris jusque là avait pris 30 minutes de retard...
Deux anecdotes ne suffisent pas à faire un diagnostic mais le port du masque constant et universel, que ce soit à Toulouse ou à Paris et le matraquage médiatique corrélatif poussent dans ce sens. Je grogne mais je reste obéissant et cela reste inaudible... La frilosité des communes à nous accorder un espace pour notre pratique est encore un signe de cette soumission à la doxa qui fait du « care universel » le fleuron de la bien-pensance derrière laquelle s’installe une politique répressive et suspicieuse de l’Autre. « C’est pour te protéger, mon enfant !... » disait déjà le loup sous le masque de grand-maman...
Bon ! Je me lâche un peu mais c’est un vrai sujet : comment se positionner face au délire dans lequel nous sommes poussés par nos « responsables » ou plus exactement nos « irresponsables dirigeants »...
De l’étude...
Après ce coup de sang je reviens à ce qui m’a poussé à sortir le clavier pour écrire ce billet. Et qui concerne la façon dont nous devons nous entraîner, particulièrement en dehors des cours proprement dits.
C’est en réfléchissant hier à ma propre pratique et à la façon dont je me sens progresser en ce moment que ce thème m’est venu à l’esprit, avec l’envie de partager ces réflexions avec vous.
Tout d’abord il faut clarifier un point essentiel auquel toute la progression se rattache. Le progrès n’arrive que comme le résultat d’un effort. La capacité (Gong) est le fruit de la pratique et de rien d’autre. Donc si l’on se contente des cours on est à peu près certain de ne progresser qu’à dose infinitésimales, c’est à dire qu’on risque vite se décourager.
D’où la nécessité — que certains ont parfaitement bien compris — de trouver des partenaires pour faire du TuiShou ou répéter la forme. Collectivement, par le biais des compréhensions croisées, la pratique devient un terrain de recherche.
Voilà, ça y est ! J’ai dit le mot. Recherche.
La progression arrive comme le fruit d’une recherche. Elle peut être faite à plusieurs mais, en réalité et en pratique, elle est d’abord dans le cœur de l’étudiant. Et donc, il la tient sa recherche. C’est sa propre quête, c’est le fil conducteur de son aventure avec le TaiJiQuan.
Ce qu’il recherche c’est la douceur, la légèreté, la santé, la vivacité, la maîtrise de soi, le plaisir de bouger, l’harmonie, l’efficacité martiale... Bref, chacun choisit mais au final il s’agit d’un motif qui concourt à augmenter sa vie, la vie !
Un autre point important c’est que cette recherche possède deux faces : c’est une recherche individuelle qui se nourrit d’une recherche collective. Et la recherche collective s’enrichit en retour de la progression de chacun.
Sans l’une, l’autre n’existe pas !
Ici c’est de la recherche individuelle que je vais continuer à explorer un peu.
Comment pratiquer seul ?
Vous avez remarqué qu’il y a tout un tas de gestes ou même de postures que vous faîtes mal, qui procurent de l’inconfort, qui restent mystérieux etc...
Ps besoin de chercher plus loin. Ces problèmes, voilà le matériau !
Et puis Mr SU et moi vous avons transmis tout un ensemble d’exercices. Certains semblent simples et faciles, d’autres complexes et presque impraticables. Chacune de ces deux appréciation (facile et difficile) est trompeuse et vous induit en erreur.
Ces exercices, voilà l’outil !
La pratique solo consiste bien sûr en répétition de la forme. Nous sommes d’accord. C’est important. Mais n’oubliez pas les exercices. Ce sont eux qui, au niveau où nous sommes, vont probablement vous faire faire les progrès les plus rapides.
Comme l’écrivait MA YuehLiang, « de la pratique naît la compréhension ». Ce qui veut dire que la compréhension du lâcher des épaules, de la rotation de la taille, de la légèreté du mouvement etc. va se découvrir dans la pratique. Donc à travers une sorte de répétition.
Mais attention ! Pas n’importe laquelle. Oubliez celle du bourrin qui fait son mouvement en pensant à autre chose... La pratique qui est utile c’est celle au cours de laquelle vous êtes attentif.
Attentif à quoi ? A vos sensations, bien sûr. Recherchez la sensation. Vous voulez lâcher les épaules et pouvoir y installer de la douceur ? Alors trouvez une image, celle du coton, ou d’un roulement à bille baignant dans l’huile, ou les bras comme des plumes... Et bougez les bras avec cette image, répétez l’exercice. Respirez dans les bras. Profitez de cette sensation douce qui naît de l’écoulement de l’air sur la peau. Ou bien encore à l’inverse, transformez vos bras en plomb et cherchez à les élever sans effort...
Bref, utilisez votre imagination (infinie) et accordez-y vos sensations et vos mouvements. En étant attentifs, vous découvrirez des sensations nouvelles, vous imaginerez des liens nouveaux entre les parties du corps, entre les moments d’un mouvement, entre les uns et les autres... Vous construirez de nouvelles images qui seront alors le support de nouvelles recherches...
Et puis, quand il vous semble avoir « compris » quelque chose grâce à la pratique, allez l’inscrire dans la forme lente. Trouvez les lieux où insérer cette découverte, cette acquisition. Petit à petit vous allez ainsi fluidifier la forme, l’organiser, l’habiter.
Et puis on peut en parler ensemble. Mais attention, si je peux avoir un avis, ne le suivez pas aveuglément. Réfléchissez-y, retournez l’idée sous tous ses angles, essayez de trouver une nouvelle image qui permette de travailler le même problème dans tel ou tel exercice... Reprenez la recherche un peu différemment et acceptez qu’il y ait — dans ce que vous avez compris — plus ou autre chose que ce que vous croyez. Vous ne serez jamais déçu.
Essayez ! Et vous aurez acquis quelque chose qui sera à vous. Je ne peux rien vous transfuser. Mr SU non plus.
De mon côté c’est cette recherche qui m’excite et me fascine. Elle est infinie. Et elle procure de la joie.
Bonne pratique !