Il y a du bonheur à pratiquer

Chers amis du TaiChi,

La pratique inspire ou pousse. Le matin, dès que je peux et si je le peux, dans la petite pièce qui me sert de bureau à Carcassonne, j’ouvre grand les fenêtres et je passe une heure à ouvrir le corps, les articulations, les poumons et les viscères à l’air et à la lumière. Je pratique des exercices de base, de TaiJi ou de Yoga. Je m’exerce à de petites choses nouvelles. Et le soir, maintenant que les jours sont longs et doux, si par chance je ne travaille pas, je fais vingt minutes de marche pour aller m’installer sur un bout de prairie qui jouxte un petit bief tranquille. Et là, je pratique la forme. Une première fois lentement, gouleyante, paisible, attentive, précise, profonde. Et puis une fois plus rapide, avec plus d’acuité et de dynamisme.
La forme est de plus en plus fluide et légère. S’attacher à se régaler de toutes ces sensations ! Je me découvre heureux d’avoir persévéré jusqu’à ce point où l’entraînement se confond avec le plaisir.

Bien sûr, nous avons certainement tous du plaisir à nous entraîner. Mais je parle du plaisir au cœur de la pratique. Et peut-être le vrai but de l’entraînement est-il de nous conduire au plaisir et de nous y installer.
Voilà une pensée bien sympathique. Bien sûr, vous l’aurez compris, elle est tout de même conditionnée : il faut persévérer…

Et les obstacles sont nombreux, particulièrement depuis l’arrivée du dernier corona virus en date. Et ils sont encore loin d’être tous levés. La gestion catastrophique de l’épidémie par notre lamentable élite nous a tous troublés, nous plongeant dans la peur, la colère ou l’hébétude. Les cours se sont taris un moment et chacun s’est pour un temps, recentré sur ses légitimes préoccupations.
Puis j’ai repris mes va-et-viens sur Toulouse et donc les cours ainsi que les ateliers mensuels, mais sur un rythme moins régulier et avec une fréquentation fluctuante.
Donc oui, l’environnement de travail actuel est moins porteur et moins favorable à la pratique que du temps de l’insouciance covidesque…

C’est pourquoi j’ai eu envie d’écrire ce mot :

  • Pour vous redire le but — un but désirable en tous cas, celui du plaisir, de l’aisance du corps léger, en train de dessiner l’espace par son mouvement, celui de la joie d’un corps-cœur-esprit en harmonie avec le monde...
  • Et pour vous encourager à tenir à votre entraînement, à pratiquer, seuls souvent, en petit groupe parfois.
    Prenez du temps. Travaillez des mouvements simples, des postures simples. Tenez vous bien aux principes de sans-force, de « song », de douceur. Que ce soit dans votre tête, dans les consignes que vous vous donnez, ne forcez rien mais ne soyez pas « vide » non plus ! Suivez votre fil d’entraînement mais sans vous crisper dessus, sans vous pousser à des objectifs qui vont vous tendre. Gardez simplement les principes du TaiJi comme des invariants de votre conduite générale, de votre programme d’entraînement et de votre pratique.

N’oubliez pas que les techniques, c’est 10% du TaiJi. Le reste, tout le reste, les 90%, ce sont les principes et leur fréquentation par la pratique. C’est un état d’esprit à trouver et à installer. C’est une légèreté, une vivacité, une sensibilité, une présence, un contact... Et la pratique — corporelle et mentale (si cette distinction a un sens) — doit être orientée vers l’obtention et l’affinage de ces qualités.
Ne vous fixez pas sur les techniques. Creusez les techniques, certes, mais dans les principes : vous ferez moins d’erreurs, la justesse arrivera plus vite. Et vous avancerez vers la qualité de présence et de geste requise...
Mais surtout, dé-liez votre corps, revenez vers la liberté et la souplesse de l’enfant.

A très bientôt !

Vincent

Posté le 24 mai 2021 par Vincent Béja